Le contexte historique
Entre la fin du XIe siècle et la fin du XIIe siècle, les chrétiens d’Occident mènent 8 croisades jusqu’en Terre Sainte. Pour soutenir ces guerres saintes et les armées chrétiennes, plusieurs ordres des moines-soldats sont créés, notamment l’ordre de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem.
Pour financer cette lourde tâche, ces différents ordres établissent des commanderies en France et partout en Europe. Ces établissements, placés au centre d’un domaine, servaient à la production de biens alimentaires et à l’élevage de chevaux, nécessaires pour mener les expéditions en Palestine. Elles étaient aussi une source de revenus pour les ordres grâce aux dîmes et autres taxes qu’elles percevaient, sans oublier les dons des fidèles. Mais ces commanderies participaient aussi à la croissance économique des régions dans lesquelles elles étaient implantées, notamment par la vente du surplus de production sur les marchés et les foires.
La commanderie de Lavausseau, une véritable forteresse
La commanderie de Lavausseau est donc une commanderie de l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem (aujourd’hui Ordre de Malte). Placée près du gué de la Boivre, elle permettait de surveiller le pont romain. Le bâtiment construit au XIIe siècle était alors une véritable forteresse. Grâce à sa tour d’angle, ses murailles d’enceinte de plus de 6 mètres de haut, son grand pont levis, ses douves et sa salle de garde, le bâtiment était alors très bien protégé. En plus, la présence d’un souterrain muré en direction de l’est pouvait permettre de s’échapper en cas d’attaque.
Si la commanderie est aussi bien protégée, c’est sûrement à cause de la présence d’une compagnie de mercenaires à quelques kilomètres seulement. En effet, à 3 kilomètres, dans le château de Grassay, résidait un capitaine de Grandes Compagnies. Ce château a par ailleurs été détruit au début de la guerre de Cent Ans.
La commanderie de Lavausseau à la tête d’un domaine riche et prospère
Au pied de la commanderie se trouve les tanneries lavausséennes, qui ont, à l’époque, acquis une réputation importante grâce à la prospérité due à la protection des moines-soldats. Au début du XVIIe siècle, c’est plus de 50 tanneries et de nombreux moulins à tan qui se trouvent dans ce village !
Cette source importante de revenu a fait la fortune de la commanderie, comme en témoigne cette chéminée inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Ancienne cheminée du dortoir des moines, son décor sculpté évoque les anciennes fortifications décrites plus tôt.
La chapelle de la Commanderie de Lavausseau
Étant un établissement d’un ordre religieux, la commanderie avait évidemment sa propre chapelle. Elle était à l’époque dotée d’un clocher équipé d’une cloche ainsi que de deux appentis. L’un dédié à Saint-Antoine et l’autre dédié à Saint-Blaise.
L’intérieur était orné de peintures murales et un cabinet faisait office de sacristie. Deux pierres tombales (l’une d’un chatelain et l’autre d’un chevalier) ont été retirées du cimetière entourant la chapelle.
Bien que la commanderie ne soit plus fortifiée aujourd’hui, le bâtiment reste tout de même impressionnant à voir et vaut certainement le détour !